Rencontre avec un professionnel de santé spécialisé
Vincent Rogine est kinésithérapeute Méziériste
Une branche de la profession qui se spécialise dans les chaines musculaires. Elle s’axe sur le travail postural pour corriger les troubles de la statique, apprendre à bien maîtriser son corps, en travaillant sur les chaines musculaires. Nous avons eu son contact grâce à notre ambassadrice Félicie Bertrand et avons découvert qu’il était coutumier du traitement des cavaliers.
Installé aux écuries des Hauts Vents, au cœur de la Normandie, c’est naturellement que des athlètes de la région sont allés vers lui. De son expérience et à côtoyer tous profils de cavalier, Vincent Rogine a son idée sur la question de l’équitation et son impact sur le corps.
Alors notre équitation : bonne ou mauvaise pour la santé et pour le dos ?
Horse Pilot : Quels sont les muscles et les articulations qui sont les plus sollicitées en équitation ?
Vincent Rogine : Ce qui est le plus sollicité c’est le bassin, et les articulations des chevilles et des genoux, et le dos… Niveau musculaire ce sont les abducteurs qui posent problème et les rétractions (raccourcissement ou diminution de volume d’un tissu) des chaînes postérieures qui sont gênantes.
C’est-à-dire que si vous avez des tensions dans les mollets et donc la chaîne postérieure, cela peut être un frein pour avoir une position correcte à cheval.
HP: Et y a-t-il des pathologies qui apparaissent plus fréquemment chez les cavaliers ? Est-ce que ça dépend des disciplines ?
Personnellement je connais plus le dressage et le saut d’obstacle. Le principal problème qu’on rencontre c’est toutes les tendinites et les déchirures des abducteurs ou des muscles de l’intérieur de la cuisse, soit pour des raisons traumatiques, soit pour des tensions chroniques qui deviennent douloureuses.
En général les patients qui ont mal au dos ne sont pas aggravés par le fait de monter à cheval quand ils montent correctement ils sont plutôt améliorés par l’équitation.
On pourrait dire que les deux bons sports pour le dos c’est la marche à pied et l’équitation. Ce qui aggrave les problèmes de mal de dos ce sont les chutes, et tous les à-côtés ; si vous faites les boxes, que vous portez les barres… Passer son temps penché en avant pour curer les pieds, mettre les crampons…
HP: Vous avez anticipé un peu une autre question qui concernait les à-côtés de l’équitation. Travailler dans une écurie, c’est beaucoup tenir une fourche, un balai… Avec une main en haut, une en bas, souvent toujours de la même manière !
V.R. : Oui parce que quand on est droitier on est incapable de tenir la fourche autrement qu’avec la main droite en haut et la main gauche en bas. On ne peut pas faire l’inverse. Donc on se vrille le dos…
L’intérêt de l’équitation c’est que c’est un sport symétrique, où l’on étudie sa position. Au niveau de la prise de conscience du corps, et le travail de la symétrie c’est intéressant parce qu’on essaie d’être symétrique dans ce que l’on fait. A la fois pour le cheval et pour soit.
A mes patients, je ne déconseille jamais de monter à cheval. En revanche je leur dis ‘’vous montez avec une bombe, un gilet de protection, même mieux : un airbag ; protégez-vous au maximum parce que c’est quand vous tombez que vous vous n’allez pas vous faire du bien.’’
Pour paliers les soucis de santé liées à la pratique de notre sport, existent les échauffements, trop souvent négligés en équitation…
HP: Qu’est-ce que vous auriez comme conseils à donner, des gestes simples et rapides à adopter pour se mettre en condition avant l’effort et pour pérenniser sa condition physique ?
V.R. : Il faut faire un travail de fond de placement et d’étirement du corps ; ça ne se fait pas 5 minutes. Si on a quelque chose à faire avant de monter c’est échauffer les hanches et les abducteurs. C’est vraiment le muscle qui est pris à froid, on se sert brusquement des cuisses cela peut provoquer des déchirures donc s’il y a une chose à faire, c’est échauffer les hanches et les abducteurs. Il n’y en a pas 36 !
HP: Pourriez-vous me décrire ces gestes ?
V.R. : Bien sûr, quand le cavalier est debout il pose son talon droit, jambe tendue, sur un tabouret. Il fléchie sa jambe gauche et met en tension ses abducteurs en descendant un peu son centre de gravité. Sa jambe droite reste bien tendue en relevant la pointe de pied “flex” pour tirer sur la chaîne postérieure (arrière de la jambe).
Il n’y a donc pas besoin de matériel compliqué ; un tabouret, une botte de foin… On peut aussi travailler en écartant un peu ses deux pieds au sol et descendre progressivement les hanches en écartant les jambes.
Il ne faut pas monter à cheval en étant tout raide, bloqué, il faut s’échauffer. Dans le meilleur des cas, allez voir quelqu’un qui vous conseille et qui vous donne un programme journalier pour pouvoir être échauffé trois quarts d’heure, une heure avant. L’important c’est la préparation.
Un autre élément à bien assimiler c’est la qualité du relâchement musculaire.
On cherche le relâchement du cheval : il faut que le cavalier ait le même. On est raide parce qu’on est crispé dans sa tête. J’ai traité un cavalier qui s’appelle Christian E. il est très raide. Mais quand il monte on est incapable de le savoir parce qu’il monte relâché, ça ne le gêne pas pour monter. Le relâchement il est 50% physique et 50% mental. Ça fait vraiment la différence.
HP: Comment trouver le juste équilibre entre le relâchement et la tonicité ?
V.R. : Le juste milieu c’est apprendre le placement de son corps. Ça ne demande pas une action musculaire forte. C’est être placé au-dessus de ses pieds, bien aligner ses masses ; cheville, genou, bassin, épaules etc. comme on nous apprend. La juste répartition du corps et de son centre de gravité, ce n’est pas sur un effort musculaire au contraire.
Il faut en être capable en étant le plus relâché possible en étant juste ce qu’il faut de tension musculaire. On ne monte pas à cheval pour faire de la muscu !
Être capable de garder de l’aisance et de la fluidité dans son corps, sans rien bloquer.
A partir du moment où on bloque son corps, c’est le cheval qui se bloque et là c’est foutu. La clé, c’est le contrôle mental que l’on a de sa posture et de sa musculature. Être capable de ne pas bloquer sa respiration. Le yoga c’est bien pour ça ; il y a beaucoup d’exercices respiratoires.
Essayer de ne pas avoir une respiration courte et superficielle mais plutôt dans le ventre, régulière et calme ! Ne pas s’arrêter de respirer, inspirer profondément, se relâcher. Tant que la respiration est bloquée on ne peut rien faire. Elle permet de travailler tout le reste ensuite.
HP: Je rebondis sur quelque chose que vous m’avez dit un peu plus tôt, un des meilleurs sports qui complète l’équitation était la marche à pied. Est-ce que vous pourriez développer cette idée ?
V.R. : Oui tout simplement. Marcher avec des bâtons de marche (marche nordique) ce n’est pas traumatisant, ça fait travailler toute la musculature, ça fait travailler le souffle ! Ce qui peut manquer pour un cavalier ;
Comme les parcours durent 70 secondes (en CSO, ndlr), il faudrait trouver une activité un peu plus intense où on puisse s’entraîner à fournir un effort pendant 1 minute et demi sans être complètement “roti” au bout de 45 secondes.
Donc là il faut faire soit de la natation – si elle est bien pratiquée – ça peut être le vélo aussi en étant capable de tenir le choc d’un effort intense pendant 2 minutes… Un entraînement à des efforts courts et intenses sera important. Quand on n’a pas cet entrainement-là, on est dans le noir sur la fin de son parcours ou même sa reprise de dressage, parce qu’on ne respire plus.
Il y a toujours le moyen de trouver un sport qu’on aime bien mais qu’il faut faire quand on peut (vélo, natation, step…).
A retenir :
Bien pratiquée, l’équitation n’est pas mauvaise pour la santé. Elle est même bénéfique pour le dos ! Avec quelques échauffements, une bonne gestion de sa respiration, et un travail complémentaire permettant de gérer un effort court et intense, vous serez armé en toute circonstance ! Prêts à relever le défis ?
Restez protégés et élégants avec l’airbag d’équitation Horse Pilot
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