
À seulement 25 ans, Nina Mallevaey incarne une nouvelle génération de cavaliers français qui n’hésite pas à traverser l’Atlantique pour se confronter à l’élite mondiale de saut d’obstacles. Rencontre avec une cavalière de haut niveau qui partage sa vie entre la France et la Floride pour participer au WEF (Winter Equestrian Festival) et au WEC (World Equestrian Center), les plus prestigieux circuits américains.
Portrait d’une cavalière internationale
Horse Pilot : Qu’est-ce qui, dans ton parcours équestre, t’a amené à partir aux US ?
Nina Mallevaey : J’ai eu l’opportunité de partir aux US grâce à la famille Rein. Mark et Tara sont propriétaires de mes chevaux et me soutiennent depuis trois ans maintenant. Ils ont des écuries à Wellington et ont l’habitude de s’y rendre l’hiver pour s’y entraîner et concourir pendant tout le circuit du WEF, qui s’étend de janvier à fin mars-début avril. Cela leur permet de voir leurs chevaux en Floride, mais également de rassembler au même endroit toute l’équipe car ils ne sont pas présents tout le temps en Europe.
Horse Pilot : Comment organises-tu l’alternance France-US ?
Nina Mallevaey : L’organisation est bien rodée car les circuits du WEF à Wellington suivent toujours le même calendrier. Nous sommes sur place pendant trois mois ce qui permet vraiment de faire progresser tous les chevaux quotidiennement. Les écuries de la famille Rein se situent à 10 minutes à cheval du WEF et nous nous déplaçons seulement pour nous rendre au WEC à Ocala qui se trouve à environ trois heures et demie de route. Cette organisation est très différente de l’Europe où nous voyageons beaucoup, avec parfois seulement deux voire trois chevaux.
Horse Pilot : Qu’est-ce qui différencie le WEC du WEF ?
Nina Mallevaey : Bien que le WEF soit plus ancien que le WEC, les deux événements sont assez similaires car ils proposent tous deux une grande piste ainsi que des compétitions de très haut niveau avec des épreuves sous les lumières les samedis soirs pour les Grands Prix. Les installations sont plus récentes au WEC. Au WEF, il y a des semaines qui se déroulent sur l’herbe et d’autres sur le sable. Il y a également un peu plus de circuits au WEF. Ce sont les seules différences majeures entre ces deux événements.
L’organisation des concours aux États-Unis
Horse Pilot : Comment se prépare un départ comme celui-là pour les US ?
Nina Mallevaey : Après trois ans d’expérience, nous sommes maintenant bien rodés. Nous emballons tout le matériel dans des malles qui partent par avion. Les chevaux voyagent également en avion et tout se passe bien car ils ont maintenant l’habitude. Ils décollent soit de Liège, soit d’Amsterdam, et atterrissent à Miami. Il y a toujours quelques grooms qui voyagent avec eux. Pendant le vol, ils ont un filet à foin et les grooms leur donnent de l’eau. Les chevaux doivent arriver en Floride dès le mois de décembre pour effectuer leur quarantaine réglementaire. Il faut savoir que les juments ont deux semaines de quarantaine à leur arrivée, et les étalons en ont quatre. C’est donc un voyage qui se prévoit à l’avance. Mais on trouve des quarantaines à proximité des écuries, ce qui est très pratique pour nous.
À noter : Pour les cavaliers souhaitant participer au WEF pour une courte période, il est possible d’effectuer la quarantaine directement sur le site du concours, dans la zone FEI.
Horse Pilot : Comment s’organise ta venue aux US ?
Nina Mallevaey : Nous arrivons en Floride environ un mois avant le début des compétitions. Cela permet de gérer les quarantaines et de donner aux chevaux le temps de s’adapter au climat. La quarantaine où nous allons se situe à cinq minutes en voiture de nos écuries donc c’est très pratique. Nous pouvons nous y rendre pour sortir les chevaux, les marcher et les monter. Par contre, c’est le personnel de la quarantaine qui s’occupe des boxes, du foin et de la nourriture (que nous leur procurons). Les concours débutent ensuite début janvier.
Horse Pilot : Le WEF et le WEC font partie des plus grands événements de la saison. Comment te prépares-tu mentalement et physiquement à de tels événements ? Et comment prépares-tu tes chevaux ?
Nina Mallevaey : Je me prépare de la même manière que pour une grande échéance en Europe. Comme les chevaux, je suis un programme d’entraînement régulier. Les chevaux ont un suivi vétérinaire et ostéopathique régulier pour qu’ils soient toujours au meilleur de leur forme. On les travaille régulièrement pour qu’ils aient un bon cardio. La fin de la saison en Europe et le mois de décembre constituent une période de pause. Nous adaptons ensuite la préparation à chaque cheval en fonction des échéances. Par exemple, pour ma jument Dynastie de Beaufour qui participera au 4 étoiles de Wellington dans deux semaines, j’ai commencé à la retravailler sur les obstacles doucement la semaine dernière, après presque deux mois de pause. Nous commençons par des séances de gymnastique et de cavalettis avant de faire du national pour la remettre progressivement dans le concours. Mon autre jument, My Clementine, a eu plusieurs pauses de plus courte durée, notamment 1 mois de pause depuis le WEC en décembre. C’est avec elle que je fais le CSI U25 cette semaine à Wellington et elle n’a pas besoin de faire du national avant cette échéance car c’est une jument qui se remet facilement dans le concours. On fait seulement attention à ce qu’elle ait une bonne condition physique, on recommence à sauter quelques parcours à la maison et cela est suffisant.
Horse Pilot : Comment s’organise l’encadrement avec ton coach ?
Nina Mallevaey : Nous travaillons avec Nick Skelton et Laura Kraut, qui suivent le même programme que nous entre l’Europe et la Floride. Je suis principalement entraînée par Nick Skelton, avec qui j’établis le programme des concours. L’avantage de Wellington et d’Ocala est la possibilité d’adapter facilement le programme semaine après semaine en fonction des chevaux, puisque nous sommes sur place avec des concours en permanence.
Horse Pilot : Comment s’organise la gestion des chevaux ?
Nina Mallevaey : Nous avons une équipe formidable qui nous aide gérer les chevaux au quotidien et qui est la même en Europe et aux US. Nous nous déplaçons toujours ensemble.
Horse Pilot : Comment choisis-tu les chevaux avec lesquels tu vas concourir à des évènements comme le WEF ou le WEC ?
Nina Mallevaey : Cela se décide avec mon coach. J’ai un piqué de 7 chevaux dont deux qui sont des jeunes chevaux. Les chevaux qui ont entre 9 et 13 ans sont tous aptes à faire les circuits majeurs du WEF et du WEC. Avec Nick, on adapte le programme à chaque cheval en essayant de ne pas faire concourir le même cheval sur trois semaines consécutives. L’avantage d’avoir plusieurs chevaux est de pouvoir faire un roulement. Les jeunes chevaux, quant à eux, concourent à Wellington sur des circuits qui leur sont dédiés.
Le Winter Equestrian Festival (WEF) : Un rendez-vous incontournable
Horse Pilot : Le WEF fait rêver en France, peux-tu nous le décrire en quelques mots ?
Nina Mallevaey : C’est un immense complexe sportif qui propose un panel très complet de concours. C’est donc un outil de travail vraiment génial parce qu’on est sur place avec tous nos chevaux et on peut vraiment tous les faire évoluer.
Horse Pilot : Comment s’organise le WEF et quels sont ses différents circuits ?
Nina Mallevaey : Le WEF propose une grande diversité de disciplines, incluant le hunter équitation et le hunter style, très développés aux États-Unis, le dressage et le saut d’obstacles. En saut d’obstacles, le WEF propose plusieurs circuits :
- Circuits Jeunes Chevaux (5-7 ans) avec des qualifications hebdomadaires et une finale.
- Circuit U25 avec une demi-finale et une finale.
- Coupe des Nations U25 qui fonctionne comme une Coupe des Nations classique à la différence qu’on peut constituer sa propre équipe avec des cavaliers de nationalités différentes.
- Circuit spécial 1m50 avec une finale le samedi soir sous les lumières et une dotation plus importante.
- Épreuves internationales de 2 à 5 étoiles.
Horse Pilot : Comment participe-t-on aux épreuves proposées par le WEC ou le WEF ?
Nina Mallevaey : La participation aux épreuves 2, 3, 4 et 5 étoiles du WEF et du WEC se fait via le système de sélection FEI. Elle nécessite donc d’avoir déjà participé à ce niveau de compétition et d’avoir un bon classement mondial, surtout pour les 4 et 5 étoiles.
Horse Pilot : Est-ce que les épreuves du WEC et du WEF permettent d’être dans le classement mondial ?
Nina Mallevaey : Les épreuves à partir du niveau 2 étoiles et 1m45 permettent de marquer des points pour le classement mondial. Cela inclut donc quasiment toutes les épreuves des 3, 4 et 5 étoiles, le Grand Prix 2 étoiles et le Grand Prix U25.
Horse Pilot : Quelle épreuve apprécies-tu particulièrement au WEF ?
Nina Mallevaey : J’aime particulièrement le circuit du U25. C’est un circuit qui rassemble beaucoup de jeunes cavaliers. L’objectif de se qualifier parmi les 30 meilleurs pour la finale, qui se déroule un samedi soir sous les lumières, est très motivant. C’est ma dernière année dans cette catégorie, donc je compte en profiter au maximum.
Horse Pilot : Comment t’adaptes-tu aux défis spécifiques du WEF ?
Nina Mallevaey : Avec ses nombreuses épreuves différentes, le WEF permet de viser plusieurs objectifs, que ce soit avec les jeunes chevaux, les CSI 3, 4 et 5 étoiles ou le circuit du U25. C’est vraiment motivant de pouvoir se fixer tous ces objectifs et de voir comment on progresse au fil de la saison.
Horse Pilot : En dehors des compétitions, que préfères-tu au WEF ?
Nina Mallevaey : Le WEF rassemble de nombreux cavaliers de très haut niveau dans un cadre exceptionnel. On rencontre beaucoup de nouvelles personnes, ce qui est très enrichissant. On a la chance d’avoir les écuries à côté de l’événement donc lorsqu’on ne concourt pas, on peut facilement assister aux épreuves.
Le World Equestrian Center (WEC) : Le plus grand complexe équestre des États-Unis
Horse Pilot : Le WEC est connu pour ses installations exceptionnelles. Quelles ont été tes premières impressions sur le site ?
Nina Mallevaey : C’est la première année que je participe au WEC. C’est vraiment impressionnant. C’est un peu le Disneyland du concours hippique ! La structure est immense, tout est bien organisé, tout est pensé pour les chevaux, les grooms et les cavaliers. C’est un cadre magnifique avec des installations récentes, très fonctionnelles.
Horse Pilot : Quelles sont les spécificités du WEC ?
Nina Mallevaey : Comme le WEF, le WEC rassemble plusieurs disciplines telles que le hunter style, le hunter équitation et le saut d’obstacles. Le WEC propose également des compétitions de haut niveau, avec des CSI 2 à 5 étoiles, tout au long de la saison. Un temps fort est l’étape de la Ligue des Nations, à la fin du mois de mars. Contrairement au WEF, il n’y a pas de circuits Jeunes Chevaux ni de circuit U25, mais les installations sont plus récentes et particulièrement impressionnantes. C’est un super événement aussi.
Objectifs et perspectives
Horse Pilot : Quels objectifs vises-tu pour cette saison en Floride ?
Nina Mallevaey : J’en ai plusieurs :
- Qualifier mon 7 ans pour la finale des Jeunes Chevaux du WEF.
- Participer à la Ligue des Nations du week 11 à Ocala avec l’équipe de France.
- Me qualifier pour le Grand Prix Rolex du WEF.
- Performer dans le circuit U25 pour ma dernière année dans cette catégorie.
- Progresser au classement mondial.
D’une manière générale, je vais faire en sorte que tous mes chevaux performent bien toute la saison,
qu’ils soient au mieux de leur forme et heureux pendant ces trois mois en Floride.
Horse Pilot : Quel est l’impact de ta participation au WEF et au WEC sur ta carrière ?
Nina Mallevaey : C’est une expérience incroyable et très enrichissante. Le fait d’être basée au même endroit toute la saison avec tous mes chevaux me permet de beaucoup progresser avec eux. On se confronte également à de très bons cavaliers, ce qui est très formateur pour la suite.