Le Hunter, discipline du patrimoine équestre américain, est aujourd’hui en plein essor en Europe. Cette discipline qui consiste à réaliser un parcours d’obstacles en harmonie avec son cheval est à l’origine, destinée à occuper les cavaliers de chasse à courre en dehors des périodes de vénerie. Cela explique la recherche d’élégance dans la présentation du cheval et dans la tenue du cavalier, la précision dans le déroulé des parcours, ainsi que les différents profils d’obstacles.
Désormais accessibles à tous, les épreuves de Hunter permettent aux jeunes cavaliers de se construire des bases solides dans le travail du cheval.
Madison Keese, cavalière originaire des Etats-Unis, nous dévoile les secrets de cette discipline qui mêle technique et rigueur. Ses spécificités, son origine ou encore ses réglementations, durant cette interview Madison nous explique comment performer, en respectant les codes traditionnels de cette discipline historique.
Le Hunter, un sport de précision
Madison définit le hunter comme le fait de monter le plus efficacement possible afin de révéler le potentiel du cheval et sa disponibilité sur le parcours. Comme elle l’explique c’est une discipline traditionnelle, qui reprend des codes classiques, dont l’objectif principal est de réaliser le parcours le plus propre et régulier possible.
Le dressage des chevaux doit donc être particulièrement travaillé pour les rendre disponibles et qu’ils répondent efficacement aux aides employées. Le travail précis et rigoureux du cheval sur le plat est un des fondamentaux du hunter, la hauteur des obstacles est dans cette discipline un élément secondaire.
Madison explique que les cavaliers doivent être le plus précis possible dans la gestion des distances entre les obstacles, ainsi que dans la phase d’abord et de réception.
Pratiquer le Hunter permet de revenir aux origines et aux fondamentaux de l’équitation, dans le respect des traditions. Celles-ci se retrouvent en piste mais également sur la tenue du cavalier et dans la préparation du cheval.
Le Hunter aux Etats-unis, une discipline nationale
Aux États Unis, le Hunter est comme un rite de passage pour les jeunes cavaliers américain. C’est donc naturellement que Madison a commencé sa carrière à cheval en pratiquant le Hunter.
Elle nous explique qu’aux Etats-Unis, si l’on souhaite pratiquer l’équitation, la plupart du temps il faut commencer par le Hunter et choisir ensuite une discipline. Souvent, les cavaliers évoluent vers le CSO.
Le Hunter est ainsi particulièrement développé aux Etats-Unis car il présente les bases de l’apprentissage à l’obstacle. Contrairement au reste du monde, les cavaliers américains sont dans l’obligation de faire deux saisons de Hunter avant de pouvoir faire du CSO ! Le Hunter est donc une discipline à part entière dans le patrimoine équestre des Etats-Unis.
Cette discipline, bien longtemps associée aux États-Unis, s’est fait sa place progressivement en Europe et est devenue depuis de nombreuses années une discipline phare de l’équitation. En effet, coachs et entraîneurs voient en cette discipline une manière de former les cavaliers à monter de manière calme et rigoureuse et c’est ce qui participe grandement à son développement.
Mettre en valeur le cheval et le cavalier
Madison revient sur ses débuts à cheval et en Hunter. Elle nous explique qu’elle a choisi le Hunter car elle aime beaucoup le sentiment de mettre en valeur le cheval. Au délà de réaliser des performances, elle se concentre sur les allures, la régularité, la présentation de son cheval. Elle recherche également la finesse et la précision dans les sauts et apprécie avoir le sentiment que son cheval saute bien. Ce n’est pas uniquement le fait de sauter haut qui la pousse à travailler, elle veut avant tout réaliser un parcours harmonieux.
Pour ce qui est du cavalier, Madison nous explique que le Hunter permet d’apprendre à contrôler son corps, sa position et l’utilisation de ses aides. Cette discipline demande d’être capable de contrôler parfaitement le cheval et d’être le plus efficace possible, tout en discrétion. Elle permet également de mettre en lumière la quantité de travaille nécessaire avec son cheval pour atteindre les objectifs qu’impose le Hunter en compétition
Bien choisir et travailler son cheval
Pour pratiquer le Hunter, Madison nous explique que le cheval doit faire preuve de disponibilité et être dans de bonnes conditions physiques. Il doit avoir un bon coup de saut, bien articuler ses mouvements et avoir de bons aplombs. Sa cadence doit être naturellement bonne, il doit faire preuve de régularité dans ses allures et être particulièrement calme.
Lors des séances d’entraînements, Madison se concentre principalement sur le fait d’avoir un cheval qui répond parfaitement aux aides, dans la rigueur et la rectitude. Les cavaliers de Hunter travaillent autant le dressage que le saut d’obstacles, mais se focalisent davantage sur l’attitude du cheval et sa disponibilité.
Le Hunter : un sport sobre, chic et élégant
Les cavaliers portent des tenues classiques, élégantes et sobres, avec des couleurs intemporelles et sombres, comme le noir, le gris ou le bleu marine. Seul le pantalon a le droit d’être de couleur claire, le plus souvent beige. À l’inverse des cavaliers de CSO ou de dressage, les cavaliers de hunter ne portent pas de pantalons blancs.
Le cheval doit également être apprêté, de la même manière que dans les compétitions de dressage. Il doit être parfaitement tondu, brossé et nettoyé et doit avoir le toupet, la crinière et la queue nattés.
Lors de compétitions, les cavaliers doivent respecter une tenue spécifique, sobre et propre. A la place du classique pantalon de concours blanc, ils doivent porter un pantalon de couleur sobre, la plupart du temps en beige. A cela s’ajoute une veste, une chemise, une cravate pour les hommes, une résille pour maintenir les cheveux longs, un casque, des bottes et des gants sombres.
Concernant les chevaux, les équipements doivent également respecter certaines règles. Le tapis doit suivre la découpe de la selle, pour mettre en avant le mouvement du cheval. Le reste des accessoires n’ont pas de réglementation particulière, ni même au niveau de l’embouchure ou des harnachements.
Les chevaux doivent aussi être parfaitement propres, avec le poil tondu, les crins, la queue et le toupet brossés et nattés. Leur présentation est similaire à une épreuve de dressage.
Que ce soit pour le cheval ou le cavalier, tous les accessoires doivent impérativement être propres et nettoyés.
Ces exigences pour le cheval et le cavalier permettent de créer une unicité et une harmonie dans le couple et suivent les codes traditionnels enseignés en piste par le Hunter.
Les compétitions de Hunter
Plusieurs types de parcours de Hunter possibles
Il existe différents types de parcours et d’épreuves en Hunter. Les cavaliers peuvent choisir de concourir en Hunter Style, en Hunter Équitation ou en Hunter Derby.
Le Hunter Style juge le cheval sur sa manière de se déplacer, d’articuler son saut, son dressage et son attitude générale. Il doit avoir une belle encolure, une petite tête et de bons aplombs. Cette épreuve est notée sur 20 points.
Le Hunter Équitation juge l’équitation du cavalier et son harmonie avec le cheval, notamment son équilibre, sa position à cheval, l’utilisation de ses aides. Pour mettre en avant l’équitation du cavalier, le cheval doit être calme et stable. Cette épreuve est notée sur 100 points.
Un troisième type d’épreuves existe, c’est le Hunter Derby. Ce sont les épreuves que Madison affectionne particulièrement car les parcours se rapprochent du CSO, en étant plus techniques, avec des obstacles plus imposants et la possibilité d’aller plus vite.
Ces épreuves ont été créées pour contrer le déclin du Hunter auquel ont été confrontés les États-Unis au début des années 2000.
Un concours de Hunter typique
Étant en concours régulièrement, Madison nous présente le déroulé d’un weekend de compétition en Hunter. En arrivant la veille de son passage, elle suit le processus classique d’un concours de CSO en réalisant la visite vétérinaire, ainsi que la warm-up : séance durant laquelle les cavaliers peuvent venir sur la piste du concours pour sauter quelques obstacles.
Lors de l’épreuve Hunter Style, elle réalise une présentation de son cheval, dans lequel le mouvement, les expressions et l’attitude du cheval sont notés. Les juges définissent le cheval qui se déplacent le mieux et attribuent une note à chacun d’entre eux.
Elle participe ensuite à l’épreuve Hunter Équitation. Une fois la compétition lancée, elle nous explique que les cavaliers vont reconnaître le parcours à l’heure prévue à cet effet. La période de reconnaissance est plus longue car ils doivent reconnaître le tracé, les passages obligatoires, les transitions et découvrir les contrats de foulées. Avant le début du parcours, le cavalier doit indiquer quels contrats de foulées il va respecter, en fonction de son cheval. Les parcours peuvent être composés de 8 à 14 obstacles en fonction du niveau de l’épreuve. De plus, il n’y a pas de fanions rouges et blancs sur les chandeliers en Hunter.
Une fois en piste, le cavalier doit attendre que la cloche sonne, puis faire un cercle de 20 mètres de diamètre pour indiquer son départ. Tout au long du parcours, le galop du cheval doit être régulier, les abords maîtrisés et chaque faute coûte des points sur la note finale. Les cavaliers peuvent obtenir jusqu’à 100 points. Ces points sont acquis en fonction des contrats de foulées, du tracé, de la cadence, de l’attitude du cheval et de son cavalier.
Certains éléments apportent ou font perdre à tous le même nombre de points. C’est le cas pour l’ensemble des contrats de foulées qui est noté sur 40. Si le parcours comporte 8 contrats, alors chaque contrat apportera 5 points. S’il y a une faute sur un obstacle de ce contrat, la pénalité est aussi de 5 points. Enfin, les refus valent 10 points de pénalité.
Les autres éléments pris en compte sont jugés par les juges et varient en fonction de chaque couple.
Le tour se termine par un second cercle de 20 mètres.
Le système de classement en Hunter
Le classement de l’épreuve est établi en fonction des notes, de la plus haute à la plus basse. La remise des prix peut se faire à pied ou à cheval une fois l’épreuve terminée. Comme lors des épreuves de dressage, le cavalier récupère une feuille de notation sur laquelle est indiquée les différentes notes obtenues avec des commentaires.
Les cavaliers gagnent des points au fur et à mesure des étapes pour tenter d’être sélectionné pour les championnats nationaux.
Le Hunter à l’international
L’expansion du Hunter dans le monde entier et plus particulièrement en Europe est un véritable atout pour l’équitation et la discipline. Cela lui offrira de plus en plus de visibilité, augmentera chaque année le nombre d’adhérents et augmentera également le nombre de compétitions.
Pour Madison, cette discipline a beaucoup de potentiel auprès des cavaliers et à l’international car elle véhicule des valeurs fortes. Le Hunter mérite sa place au rang des disciplines internationales.
Vous pouvez suivre le parcours de Madison sur son instagram : @madisonkeese