Ilona Mezzadri : de poney à cheval, une transition à anticiper.
Ilona Mezzadri, jeune cavalière française de 19 ans, a performé durant de nombreuses années sur les circuits poneys, avant de transitionner à cheval. Comme tous les jeunes ayant concourus dans les épreuves poneys, elle a longtemps considéré l’équitation comme une passion. Maintenant sur les pistes aux côtés des meilleurs cavaliers mondiaux, elle doit aussi appréhender une nouvelle concurrence, faire des choix stratégiques et adapter sa méthode de travail.
Entourée aujourd’hui de 5 chevaux de concours dont 4 chevaux déjà expérimentés, elle évolue sur le circuit jeunes cavaliers et s’entraîne depuis peu aux Écuries Angot. Elle découvre un système de travail plus professionnel, axé sur la formation des jeunes chevaux, sur la recherche de performance et s’approprie progressivement la dimension commerciale du monde équin. Son statut de jeune cavalière lui permet de prendre le temps pour faire des choix sur la suite de son parcours.
C’est dans cet état d’esprit professionnel, acquis tout au long de sa carrière sportive, qu’Ilona nous partage aujourd’hui les secrets pour une transition réussie.
La transition ne doit pas se faire brutalement
Ilona n’est pas passée de poney à cheval en quelques jours. À 11 ans, elle participait à ses premières épreuves amateurs à cheval, tout en continuant de progresser à poney.
Elle effectue sa transition définitive lors de sa dernière année à poney, en 2020. Durant cette année, elle participe également à sa dernière Coupe des Nations poney et gagne son premier CSIO Junior à Fontainebleau, de quoi commencer une carrière de jeune cavalier en beauté.
Elle était accompagnée à ce moment-là par deux chevaux : Arcy Fou, son cheval avec lequel elle a participé aux Championnats d’Europe Junior durant deux années consécutives et Diamond’s Dream, un jeune cheval de 7 ans à l’époque, avec lequel elle a participé à des épreuves professionnelles à 140cm.
Son organisation en termes de concours et de saison n’a pas vraiment été impactée car le rythme à cheval reste le même. Les échéances de fin d’année, telles que les Championnats de France et d’Europe, sont les objectifs principaux autour desquels s’organisent les week-ends de concours plus classiques, ainsi que les programmes d’entraînements.
La construction de la saison reste la même
À poney ou à cheval, les saisons sont relativement les mêmes, ce qui permet aux jeunes cavaliers de garder la même organisation.
Elles sont rythmées par des concours, des coupes de nations, des championnats et de grosses échéances en fin de saison estivale, principale source de motivation pour les cavaliers.
À poney il s’agit bien souvent des concours internationaux tels que les Championnats d’Europe. À cheval, il existe différents championnats, nationaux et internationaux auxquels les jeunes cavaliers peuvent participer.
Chacune de ces étapes offrent de nouveaux objectifs et viennent rythmer leur année.
En revanche, Ilona souligne la différence d’efforts demandés aux équidés entre les épreuves poney et chevaux. En effet, sur les épreuves chevaux les efforts sont plus importants, il faut donc instaurer des périodes de repos plus longues entre les concours afin de respecter au mieux le bien être du cheval.
Son organisation de concours est également impactée par les gains proposés lors des épreuves. À l’inverse des circuits poney, lors des concours chevaux les cavaliers sont récompensés par des produits mais également des gains financiers.
La transition engendre également certains changements sur les ambitions équestres. Ilona nous explique que la concurrence n’est plus la même et que les motivations ne sont plus les mêmes à cheval.
“La concurrence est plus rude à cheval.” – Ilona Mezzadri
Au niveau de la concurrence, elle n’est pas ressentie de la même manière. Dans les épreuves poney, les jeunes cavaliers montent principalement pour le plaisir et ont un niveau encore amateur.
En participant à des épreuves à cheval dès leur 16 ans, les jeunes cavaliers sont mis en compétition avec des professionnels, qui forment des chevaux ou qui entraînent leurs chevaux de tête. Les enjeux ne sont pas les mêmes, ce qui influe sur la concurrence entre les participants. Beaucoup de cavaliers à cheval sont des cavaliers professionnels qui vivent de leur passion et adaptent leur système d’entraînement pour être les plus performants possible. Leurs stratégies de concours et la rotation des chevaux varient également pour améliorer leur performance et maintenir la rentabilité.
Ayant, à ce niveau, des attentes en termes de revenus et de rentabilité, les cavaliers s’assurent de leurs compétences et partagent quasiment tous le même niveau. Il est donc plus difficile de les départager et les jeunes cavaliers doivent redoubler d’efforts pour se confronter à des cavaliers ayant plus d’expérience d’un point de vue technique et stratégique.
Ces jeunes cavaliers, qui étaient au top niveau lors de leurs années à poney, redeviennent des cavaliers juniors lors de leur arrivée sur les circuits chevaux. Les jeunes pilotes doivent donc travailler dur pour améliorer leur technique, leur stratégie ainsi que leurs performances, pour atteindre le niveau des cavaliers professionnels.
L’état d’esprit de chacun évolue particulièrement lors de cette transition, associée à des enjeux qui ne sont plus les mêmes.
“Ma vision de l’équitation a changé mais ma passion pour le cheval reste la même.” – Ilona Mezzadri
La notion d’avenir, de parcours professionnel et de rentabilité rentre désormais en compte dans une carrière comme celle d’Ilona. À moins de 20 ans, elle réfléchit déjà à ses projets futurs autour des chevaux afin de se construire le plus bel avenir possible. Elle s’interroge sur les possibilités d’évolution, notamment avec la formation de jeunes chevaux et sur le partage de son expérience auprès des plus jeunes.
Devenir professionnel dans l’équitation se prépare et demande de nombreux investissements. Même si la passion reste une source de motivation, les enjeux d’une carrière dans le secteur équestre sont importants et les professionnels se doivent de sécuriser leur activité afin de maintenir une rentabilité.
Souvent soutenus par leurs parents lors de leurs parcours à poney, les jeunes cavaliers doivent apprendre eux-mêmes à développer leur activité pour en faire leur métier, en réfléchissant aux axes d’évolution possibles et en s’entourant des bonnes personnes.
Pour ce qui est d’Ilona, elle provient d’un système assez classique, elle est restée durant 10 ans dans une même écurie pour débuter sa carrière à poney et junior. Elle a également été soutenue durant son parcours par le staff fédéral lors des stages ainsi que par Henk Noeren, Edouard Couperie et Olivier Bost. Elle a rejoint depuis novembre 2023 les Écuries Angot, afin de se professionnaliser, de bénéficier d’un encadrement plus technique, de découvrir de nouveaux chevaux et de mettre en place son propre système de travail.
5 chevaux avec 5 profils différents
Ilona entraîne actuellement 5 chevaux de concours aux profils variés : 4 chevaux d’âge ayant de l’expérience jusqu’à 145cm dont Éléonore de la Bride, Diamond’s Dream étalon de 10 ans qui a participé aux Coupes de Nations Jeunes cavaliers cette année, Arcy Fou, étalon de 13 ans qui avait emmené Ilona aux championnats d’Europe Junior, et Charlota une jument de 11 ans qui vient d’arriver aux écuries.
Elle entraîne également un cheval de 6 ans, ayant besoin de travail et d’expérience, qui pourra participer aux épreuves de 7 ans en milieu d’année 2024. Ce jeune cheval permet à Ilona de poursuivre son apprentissage sur la formation de jeunes chevaux.
En ayant intégré les Écuries Angot depuis novembre 2023, Ilona a pu travailler dès son arrivée pour mettre en avant les points sur lesquels elle doit s’améliorer et les qualités à renforcer. Elle travaille beaucoup à la maison afin d’avoir une confiance et une connexion parfaite en piste, dans le respect du cheval et en ayant pour objectif de performer.
Ayant des profils de chevaux variés, Ilona a l’opportunité de progresser sur de nombreux points. Elle se professionnalise et progresse avec ses chevaux de têtes, qui ont de l’expérience sur les plus grosses épreuves. Elle continue de se former et gagne en technicité avec les jeunes chevaux, avec lesquels elle débute également leur formation.
Ce changement de rythme de vie amène à vivre des moments difficiles, de doutes et d’appréhension face à un avenir incertain. Pour surmonter les épreuves, il est nécessaire de se préparer et d’anticiper les difficultés.
“Oui bien sûr, il y a une dure réalité.” – Ilona Mezzadri
Pour devenir professionnel lors du passage à cheval, les cavaliers se retrouvent face à certaines difficultés, dont il faut être conscient afin d’anticiper et de réussir à faire la différence. Le soutien quotidien d’Eugénie Angot permet à Ilona de se former, de se rendre autonome pour faire face à cette réalité. L’encadrant joue un rôle important dans ce développement car il doit prévenir et donner les meilleurs conseils pour affronter les difficultés.
Pour tirer son épingle du jeu et se démarquer, Ilona explique que la régularité est un facteur important. Monter plusieurs chevaux, être performant avec chacun d’eux et diversifier les épreuves et les pistes permet de mettre en avant une certaine autonomie, une aisance et une facilité d’adaptation qui permet de donner confiance aux propriétaires.
L’expérience acquise durant le parcours à poney, notamment en équipe de France, aide également à obtenir les compétences pour évoluer à cheval, telles que la technique, la détermination, la force mentale et le dépassement de soi.
Dernier conseil d’Ilona
“Ce que je peux conseiller à ceux qui souhaitent continuer après le poney, c’est de débuter à cheval dès le plus jeune âge et de s’équiper de jeunes pour préparer l’avenir. Prévoir et anticiper cette transition le plus tôt possible. Et surtout s’entourer des bonnes personnes qui vous donneront les meilleurs conseils, qui seront là pour votre réussite, regarder et s’inspirer des meilleurs cavaliers, se remettre régulièrement en question et aimer les chevaux !
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C’est avec fierté que nous comptons Ilona Mezzadri parmi nos ambassadeurs & athlètes Horse Pilot et que nous l’accompagnerons dans ses projets. Merci à elle de nous avoir partagé son expérience.
Crédits photos : Sarah Bedu
